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  • Valentine Durand

Cannes’ Stories 1 : Je ne suis pas à Cannes.

Pour ceux qui s’attendent à une sortie politique expliquant mon boycott de cet évènement scandaleusement bling-bling et anti-éthique, toutes mes excuses. J’ai juste raté mon train et j’attire le chaland.

Encore une journée à suivre le Festival sur Canal, à binge-watcher les interviews doublés de Matt Damon et

à lire des articles pourris sur cette année de cinéma si spéciale. “Et c’est une carrière exceptionnelle pour Catherine Deneuve qui mérite vraiment cette standing ovation, oui on peut le dire exceptionnelle, puisqu’elle…” Que fait ce mec sur le tapis rouge alors qu’il y a un tas de match de foot à commenter en ce moment? Enfin bref, c’est Cannes-Zoom comme on a eu Café-Zoom, Apéro-Zoom et Zoom-cérémonie.


N’y tenant plus, je suis quand même allée voir Annette dans un cinéma random hier soir, toute contente. Vraiment très impatiente. Emballée par le casting. Curieuse de Leos Carax.


J’avais vu - et plutôt aimé - Holy Motors, son film précédent, qui avait fait clignoter tous mes neurones à un rythme assez inédit. En regardant Annette la bouche ouverte, je me suis également posée beaucoup de questions. En deux mots , c’était :


Comment peut-on faire un film aussi abouti esthétiquement ? C’est dingue, ces petites lumières de toutes les couleurs sont si bien agencées ! Apparemment la directrice de la photo est Caroline Champetier, César de la meilleure photographie pour Des hommes et des dieux, et qui a l’habitude de travailler avec Carax. Bravo.


Ont-ils perdu le scénario avant ou après le début du tournage ? (Oui, la critique commence à critiquer). On a comme l’impression que Carax avait plusieurs idées de films, toutes sympas (une histoire d’amour et de rivalité entre deux artistes, un humoriste violent, une enfant-star exploitée…) et qu’il n’a pas choisi. Ça donne un enchaînement de scènes grossièrement cousues les unes aux autres, des personnages sans aucune profondeur, et un spectateur perdu qui se demande toutes les minutes pourquoi untel fait ceci ou cela, sans jamais trouver de réponse.


A quoi sert Marion Cotillard ? Objectivement, son rôle est inutile. C’est vraiment dommage parce qu’elle prend quand même beaucoup de place sur l’affiche.


Quel est le sens de ce bordel ? C’est un peu méta, pleins de citations et d’auto-citations. On ne cesse de voir des gens jouer sur scène, soupirer dans les coulisses et être poursuivis par les médias - d’ailleurs Leos nous annonce gentiment le coté ciné dans le ciné en passant une tête au début pour nous dire de retenir notre souffle pendant tout le film ou quelque chose dans le genre. Subtil. Sauf qu’on peine à trouver l’intérêt de tout ça, et en souvenant un peu de Holy Motors, on en arrive à se demander si les personnages ne jouent pas une série de rôles. Ou est-ce simplement un terrible manque de cohérence ? Dans tous les cas, on se sent bête de ne pas comprendre les grandes lignes de ce que le film veut nous dire sur l’acteur, le rire, l’amour, l’enfance… Un peu moins d’opacité serait appréciable, il y a encore des gens sobres dans les salles de cinéma.


Pourquoi cet enfant en papier mâché est-il aussi drôle? Ah oui, spoiler alert : la particularité du rejeton Driver-Cotillard, “venu d’un autre monde”, n’est ni plus ni moins que son petit corps de marionnette inquiétante, à mi-chemin entre Chucky et The Muppet Show. Et c’est hilarant. Leos Carax a l’air de beaucoup tenir à ce que le public découvre cette facétie au dernier moment, puisqu’on ne trouve aucune image même en cherchant “Annette marionnette” ou “Annette poupée” sur Google. C’est donc que cet élément de mise en scène doit être déterminant… Je cherche toujours pourquoi.

En bref, un film incontestablement original, un spectacle coloré avec des musiques sympas, une oeuvre “baroque” (les gens qui aiment dire baroque vont se faire plaisir), des acteurs très bons… Mais on s’ennuie quand même, parce qu’Annette est un long texte bien plus qu’une belle histoire. La preuve par A+B qu’un gros tas d’or, des lumières rouges et un bon rail de coke ne suffisent pas à faire du CinÉMa avec un grand C comme C bien.

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