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Valentine Durand

Cannes’ stories 2 : “Chi va piano, va lontano” (Fast and furious 9)

Dernière mise à jour : 15 juil. 2021


Vous avez certainement entendu parler de Tre Piani, le nouveau film du bien connu Nanni Moretti, petit italien barbu très habitué du tapis rouge qui fait globalement des films sur lui-même, lui- même, lui même et un peu la vie sociale et politique de son pays parfois. Il lui est par exemple arrivé de prédire la renonciation du pape Benoît XVI (Habemus papam, 2011), et la condamnation de Silvio Berlusconi (Il Caimano, 2006) dans un éclair de lucidité historique qui m’a donné envie de lui accorder le titre honorifique d’oncle Nan durant tout cet article sérieux et percutant.


Cette fois-ci, il s’agit de la transposition d’un roman israélien (Trois étages, tout se tient) dans un immeuble romain. Il paraît que ce n’est pas incroyable, un peu convenu, un peu mou, un peu… Je dis il paraît parce que, plot twist, je ne l’ai pas vu. Laissez moi vous expliquer.


J’ai fini par arriver à Cannes, vers 20h. C’est le moment où tout le monde se dirige vers l’impressionnant palais des festivals pour assister aux séances de gala, c’est-à-dire les projections officielles au Grand Théâtre Lumière, où il est indispensable de porter une robe de soirée ou un smoking pour bien se fondre dans la masse si le photographe ne cadre pas bien et qu’on se retrouve derrière Tilda Swinton sur les fameuses photos tapis rouge. Occasion rêvée de se prendre pour des stars pour certains - ceux qui portent beaucoup trop de paillettes pour leurs petits corps anonymes - infâme corvée déguisement pour d’autres, cette contrainte élégance donne aux rues très animées de Cannes une couleur bien particulière. Les gamins d’après-plage font place à d’improbables petits triplés en trois-pièces écossais et lunettes noires, les rues sont pleines de berlines noires, les terrasses de jeunes festivaliers qui desserrent leurs noeuds papillons et les vieilles cagoles de la Côte d’Azur… Ah non, elles sont toujours là.


J’avais du renoncer hier soir à voir The French Dispatch, où il aurait de toutes façons été très difficile de rentrer vu l’engouement palpable autour des marches mythiques - que j’ai aperçues entre deux vigiles. Entre nous, je n’aime pas trop Wes Anderson et Timothé Chalamet est amplement surcôté, donc pas de regret. Je me préparais tranquillement à voir mon film dans une autre salle moins fancy, en me rappelant que j’étais bien devant Bianca (un autre d’oncle Nan que j’ai vu il y a deux mois) et que les italiens étaient forts d’avoir gagné l’euro en secouant tout le temps les mains. Je chantais Come prima dans la rue. Mais le bureau où j’étais censée retirer un badge avec mon nom était fermé. Fin de l’histoire.


N-B : Un jour, chers lecteurs, j’arriverai à voir un film sur lequel j’écrirai un fabuleux article de fond qui fera trembler vos certitudes sur le rôle du cinéma.


En attendant, j’ai regardé 18 minutes de Fast and Furious 9 le cul dans le sable en aspirant les vapeurs du joint de mon voisin par les oreilles. Mais comme disait ma grand-mère de Bourg-en- Bresse, chi va piano, va lontano.

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