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Croyances, faire et défaire l’invisible : l’incroyable exposition visuelle à l’ICI

Si 2020 ne nous a pas beaucoup gâté.e.s et a rendu impossible de nombreuses activités culturelles, certaines perles ont tout de même pu voir le jour. C’est le cas de l’exposition « Croyances, faire et défaire l’invisible », organisée par l’Institut des Cultures d’Islam à Paris et Afrique In Visu. Pour les intéressé.e.s, on peut noter que l’exposition s’est adaptée à la situation, et peut se faire en ligne sur le site de l’ICI jusqu’au 27 décembre.



C’est exposition est un patchwork magnifique, à travers lequel seize artistes (photographes et vidéastes) nous livrent chacun une sorte d’histoire, esquissant une représentation du croire sur le continent africain. Si le continent en question est bien trop souvent représenté comme uniforme, un bref coup d’œil aux œuvres présentées permet de détruire ce préjugé : les images nous content la mythologie de la gémellité nigérienne, le culte vaudou du Bénin et du Togo, des pèlerinages au Sénégal ou les transes évangéliques et soufies. Autant d’expressions de la croyance que nous ne faisons qu’effleurer, mais qui donne un assez bon panorama de ce qu’est le croire, et des spiritualités qui existent aujourd’hui sur en Afrique. Les styles sont variés : portraits, paysages, recettes ou objets sont représentés, avec à chaque fois un jeu sur la couleur et la composition de l’image, qui dégage une certaine atmosphère qui semble rappeler la dimension spirituelle de ce qui est représenté.


Il me semble que la grande force des séries photographiques est de ne jamais juger les croyances, en se mettant à la hauteur de celleux qui croient : les différents rites, les différentes personnes et les différents lieux sont présentés avec un intérêt et un respect sincère. Des interrogations surgissent tout de même à travers l’œil de l’artiste : quel est le rôle des pèlerinages ? De la transe ? Quelle est la place des moutons dans certaines fêtes musulmanes ? Mais à chaque fois sans aucune caricature ; à cet égard, les photographies et les vidéos semblent presque se rapprocher d’une forme d’étude anthropologique, qui aurait adopté une position très humble, et abandonné des représentations souvent trop caricaturales (je pense ici, par exemple, au vaudou, qui est bien souvent présenté de façon extrêmement réductrice). Enfin, certaines œuvres rendent très bien compte de certaines des grandes problématiques auxquelles le croire doit faire face aujourd’hui : les portraits d’un pape noir sont ainsi une critique de la domination des blancs dans les représentations des figures religieuses ; une série de portraits de mouton interroge la place des animaux dans les rites. L’une des parties de l’exposition présente aussi la collusion entre croire et numérique : la Prière au Wifi interpelle ainsi la place qu’Internet a pris dans la vie humaine, au point d’apparaître parfois comme un dieu omniprésent et omnipotent – une image reprise dans l’œuvre surprenante.


L’exposition est magnifique, surprenante, et permet d’en apprendre beaucoup sur le croire exprimé sur le continent africain – et sur le croire de façon plus générale. Une visite qui permet de dépasser certains clichés, et de découvrir des profondeurs spirituelles dont on peut n’avoir aucune idée. L’exposition est disponible en ligne jusqu’à fin décembre ; je ne peux que vous encourager à y faire un tour virtuel.


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