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Sapiens ; splendeurs et misères d’une humanité naissante - en bande dessinée

Sapiens, me dira-t-on, est une œuvre parue en français dès 2015 ! Et c’est exact. Pour m’enfoncer encore un peu plus, je pourrais préciser que la version originale, en hébreu, remonte à 2011. Autant dire qu’en parler dans un calendrier de l’Avent qui se veut centré sur 2020 est a priori une simple preuve d’incompréhension des dates, ce qui est quelque peu gênant pour un sciencespiste. Alors pourquoi en parler ? Tout simplement en ne le faisant pas. Ce n’est pas du Sapiens d’Harari dont il sera question ici : c’est de son adaptation (partielle) en bande dessinée, par Harari certes, mais aussi par les Français Vandermeulen et Casanave, qui elle date bien de cette année.


Évidemment, cette œuvre s’adresse d’abord à ceux qui n’auraient pas ouvert les pages de la version purement

écrite de cet essai historique (et préhistorique), ou à ceux qui l’auraient ouvert mais auraient été découragés par le style ou plus simplement encore par sa nature d’essai. Car il serait dommage de se priver d’un texte aussi lu et par beaucoup porté aux nues – par d’autres voué aux gémonies. Il est deux grandes catégories de raisons de se lancer dans Sapiens : son intérêt propre et son intérêt contextuel.


Son intérêt propre se trouve en ce qu’il est par destination : un essai de qualité sur l’histoire de l’humanité à ses débuts, les pourquoi et comment de son ascension jusqu’au sommet de la chaîne alimentaire et du règne animal, sa situation initiale et ses développements… Non d’ailleurs que Harari prétende avoir réponse à tout : son approche, que d’aucuns pourront juger extrêmement scientifique (ici au sens de proche des sciences dites dures), ce qui peut dérouter dans le cadre d’un essai historique, l’amène à confesser de suite qu’il ignore quelque chose lorsque c’est le cas, quand les multiples sciences qu’il invoque – anthropologie, biologie, histoire, éthologie (ô pluridisciplinarité, déesse du sciencespiste – dans sa lettre de motivation a minima !) – ne peuvent qu’élever des suppositions. L’on y découvre cependant beaucoup, sur l’Homme donc, sur ses méthodes d’organisation de société, sur ses différences avec les autres races humaines qui peuplèrent cette Terre aussi, sur ce qu’il fit à celle-ci et comment il s’y adapta. En somme, ce qu’on explore est conséquent, et cela alors même qu’il ne s’agit que d’un premier tome ! On ne regrettera pas de l’avoir ouvert, car si l’on peut être un rien brusqué si l’on n’y est pas habitué à l’approche scientifique susdite (qui induit un certain relativisme, à l’égard des religions, nations, droits, etcaetera notamment), l’approche de la bande dessinée, passant du sérieux affirmé à l’enfantin sans sombrer dans le puéril pour retourner d’un coup à l’examen de grandes thèses récentes, saura adoucir tout ceci de manière à vous faire profiter pleinement du contenu.


L’intérêt de l’œuvre est aussi contextuel, c’est-à-dire que si elle vaut par son contenu, elle vaut aussi par elle-même et par son auteur. Sapiens est en effet l’occasion de se confronter, parfois pour s’y oppposer, parfois pour l’épouser, parfois simplement pour y réfléchir ou la connaître, à l’œuvre de Yuval Noah Harari, qui est indubitablement un des intellectuels les plus influents de notre début de siècle, et dont la vision des choses, on a déjà pu le dire, suscite toujours engouement et controverse. Quel sciencespiste pourrait impunément totalement en ignorer les tenants et aboutissants ? Qu’on y voie simplement un grand penseur du libéralisme moderne, un visionnaire ou un étrange diseur de bonne aventure, un historien exceptionnel pour ne pas dire de génie, ou un homme qui dénature cette discipline, on y gagnera ; et même le plus farouche des ennemis de ses thèses ne saurait affirmer que tout est à jeter. Aussi, avant que de vous placer dans un camp, ne convient-il pas de connaître l’objet de la dispute ?


Et puis soyons honnêtes : par l’intérêt de l’œuvre qui la rend captivante comme par la qualité de ses dessins, cette bande dessinée est aussi un bon outil de détente. L’on aurait tort de s’éviter la jonction de l’agréable à l’utile !

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